lundi 18 février 2013

Quelques (fausses) idées reçues

L’entrée de nouveaux Etats membres dans l’Union européenne n’a pas entraîné d’afflux massif de migrants issus de ces pays en Belgique. Les communautés étrangères les plus représentées concernent toujours les « vieux » pays européens que sont l’Italie, la France ou la Hollande. En 2011, la région du Centre comptait 12% d’étrangers, dont 83% issus de l’Union Européenne des 27 : 64% d’Italie, 10,3% de France, 2,9% d’Espagne, 2,4% du Maroc, 1,9% de Turquie. 

La Belgique ne connaît pas un afflux massif de demandeurs d’asile attirés par les nombreuses faveurs que l’Etat belge leur offrirait. D’abord, il faut relativiser les chiffres : le nombre de demandes d'asile reçues dans tous les pays industrialisés reste moins élevé que la seule population de Dadaab, un camp de réfugiés tentaculaire du nord-est du Kenya. Ensuite, si les demandes d’asile ont effectivement augmenté ces dernières années (21.461 en 2012), la Belgique a déjà connu des situations beaucoup plus préoccupantes (42.691 en 2000), seuls 20,6% de ces demandes (soit 4.419) ont obtenu une réponse positive en 2012 avec la reconnaissance du statut de réfugié ou de protection subsidiaire. L’asile est ainsi la voie d’immigration la moins importante en Belgique, ne représentant au final que 5% des titres de séjour délivrés. En effet, la Convention de Genève qui définit les modalités d’octroi du droit d’asile est de plus en plus bafouée par les politiques migratoires belges et européennes qui posent des restrictions. Par ailleurs, pendant la procédure, à défaut d’avoir droit à une aide sociale, les demandeurs d’asile ont normalement droit à une aide matérielle (hébergement, repas, habillement, accompagnement médical, social, psychologique, …) dans une structure d’accueil communautaire (un « centre ouvert ») ou individuelle. Mais c’est en fonction des places disponibles. Ainsi, entre avril 2009 et décembre 2011, 16.000 demandeurs d’asile n’ont pas reçu de place d’accueil dans le réseau de Fedasil et de ses partenaires....

La Belgique n’est pas trop généreuse avec les sans-papiers. Les étrangers en situation irrégulière n’ont droit qu’à l’aide médicale urgente et rien d’autre, qu’elles se trouvent en état de besoin ou pas. Elles doivent se cacher des autorités pour ne pas être expulsées, en tentant de survivre dans n’importe quelles conditions, à la merci des trafiquants d’êtres humains, des patrons peu scrupuleux ou des « marchands de sommeil » qui louent des « logements » à des prix exorbitants. La Belgique n’a jamais organisé de régularisation collective qui permettent aux personne sans papiers de bénéficier de leurs droits fondamentaux. Les deux dernières campagnes de régularisation (1999 et 2009) ont régularisé quelques 125.000 personnes, soit 1% de la population. Il n’y a pas de critère clairs qui accordent le droit de séjour suite à une procédure de régularisation. Les dossiers sont ainsi traités de façon relativement arbitraire par une administration fédérale, l’Office des étrangers. En 2010, 22.214 personnes ont été régularisée et seulement 8.608 en 2011… soit presque à peine plus que le nombre de rapatriements vers le pays d’origine sous forme d’expulsion forcée (3.708) ou de « retour volontaire » (3.358). Rappelons aussi que la Belgique a été plusieurs fois condamnée par la Cour européenne des droits de l’Homme pour les conditions de détention en centre fermé, notamment à propos du fait que des familles et des mineurs y sont enfermés. Une opacité règne sur les abus qui surviennent à l’intérieur et lors des tentatives d’expulsion forcée. Un cas de violence grave qui a marqué les esprits en Belgique est celui de Sémira Adamu, jeune Nigériane, qui a été tuée en 1998 par les policiers qui tentait de l’expulser et qui l’ont étouffée avec un coussin tandis qu’elle résistait.



L’immigration n’a pas un impact négatif sur le pays, comme le considèrent pourtant 72% des Belges. Au contraire, l’immigration a une contribution plutôt positive aux finances publiques, d’autant plus que le flux migratoire permet de rajeunir en permanence la population et que les migrants reçoivent moins de prestations sociales que ce qu’ils cotisent ou paient en impôts. A titre d’exemple, en France, la contribution au budget des administrations publiques était en 2005 de 2.250 euros pour un étranger contre 1.500 euros pour un natif. Au Royaume-Uni, on estime que les immigrés ont rapporté par le biais des impôts 4 milliards de dollars de plus qu’ils n’ont reçu sous la forme de prestations diverses.


Les étrangers ne prennent pas le travail des Belges. Les immigrés occupent essentiellement soit des emplois hyper qualifiés dans des métiers en pénuries pour lesquels il n’y a pas de candidats belges, soit des emplois peu qualifiés et pénibles dans le cadre de la sous-traitance, d’un permis de travail C accessible uniquement aux étrangers en séjour régulier et à certaines conditions ou encore du marché clandestin. Cette situation s’explique en partie par la forte discrimination envers les travailleurs belges dits « d’origine étrangère » et les travailleurs étrangers sur le marché du travail en Belgique et par les difficultés que rencontrent les étrangers pour faire reconnaître leurs diplômes et titres. Ainsi, dans les emplois les mieux rémunérés, on trouve les Belges et les étrangers naturalisés des pays limitrophes, tandis que dans les emplois les plus précaires se concentrent les travailleurs subsahariens, Marocains et Turcs ainsi que les travailleurs clandestins. Ces derniers sont soit des migrants qui ont été un jour réguliers et se sont retrouvés dans l’irrégularité du fait d’un accident de la vie ou d’une fin de contrat n’ouvrant pas aux droits sociaux, soit de personnes qui se sont vues refuser l’asile ou la régularisation, soit de personnes qui ont été amenés ici via une filière mafieuse. Rappelons aussi que, pour les personnes d’origine non-européenne, le risque de devoir vivre sous le seuil de pauvreté est de 30% (encore plus s’il s’agit de femmes). 55,6 % des individus originaires du Maroc et 58,9 % des individus originaires de Turquie vivent sous le seuil de pauvreté.

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