lundi 9 septembre 2013

Meeting musical en mémoire de Semira Adamu

Le 22 septembre 2013, cela fera quinze ans que Semira Adamu a été assassinée par la police belge lors de son rapatriement forcé et que l’ensemble de la société belge prenait conscience de la violence des politiques de détention et d’expulsion des étrangers. 

Dans le même esprit que les commémorations de septembre 1999 et 2003 ou que le Steenrock qui n’aura pas lieu cette année, un grand meeting-concert en plein air et gratuit sera organisé le dimanche 22 septembre 2013, à 14h, à la place Rouppe à Bruxelles.

Les prises de paroles et témoignages alterneront avec des concerts d’artistes de renommée et engagés sur la question des migrations, comme 
Asian Dub Foudation, Daniel Hélin, Claude Semal et bien d'autres.

Fidèles au combat de Semira, à ceux qui l’ont soutenue et à l’esprit des précédentes commémorations, ce meeting compte faire progresser les revendications suivantes :
- Suppression des centres fermés
- Arrêt des expulsions
- Condamnation des violences policières
- Révision des politiques d’asile et de migration en vue de les acheminer vers la liberté de circulation pour toutes et tous, seule position cohérente et respectueuse des droits humains.

Une initiative de Bruxelles Laïque, avec le soutien de CRER, CRACPE, Ligue des Droits de l'Homme, CIRé, FGTB, JOC, MOC, PAC, UPJB, PTB, Ecolo Bxl, Egalité, LCR, JAC, Groen, CNCD, Siréas, Déclic, Linx, ...  

Un départ collectif est organisé à partir de La Louvière. Rendez-vous le 22 septembre, à 12h30, à la gare de La Louvière sud. Inscription souhaitée avant le 19 septembre à asblcepre@gmail.com ou au 064/23.72.90.
Rappel des faits 

Fuyant le Nigeria en étant passée par le Togo, Semira Adamu est arrivée en Belgique le 25 mars 1998, âgée de presque vingt ans. Arrêtée à Zaventem et incarcérée au centre fermé 127bis de Steenokkerzeel alors qu’elle transitait vers Berlin, elle a introduit une demande d’asile, motivée par la fuite d’un mariage forcé avec un polygame de 65 ans, qui a été refusée. Malgré un recours pour raisons humanitaires et la mobilisation d’un comité de soutien, prêt à se porter financièrement garant du séjour de Semira, l’Office des Etrangers a décidé d’organiser son rapatriement forcé. Grâce à sa résistance personnelle et à l’intervention de personnes indignées dans l’avion, cinq tentatives d’expulsions ont échoué. A chaque tentative, les violences et les menaces à son égard se sont intensifiées. Lors de la sixième tentative d’expulsion, le 22 septembre 1998, pas moins de neuf gendarmes ont été mobilisés pour l’embarquement. Cachée des regards des passagers par cette escorte, elle s’est retrouvée pieds et mains menottés, pliée en deux, un coussin devant la bouche et la pression d’un gendarme sur le dos. Alors que pour toute forme de résistance Semira chantait, cette contrainte a été exercée pendant une quinzaine de minutes et a fini par plonger Semira dans le coma. Semira Adamu est décédée vers 21h30 à l’hôpital Saint-Luc d’une encéphalopathie anoxique avec œdème cérébral. 

Une date à ne pas oublier

Ce ne fut ni le premier ni le dernier décès provoqué par la politique belge d’enfermement et d’éloignement des étrangers. À travers ses contacts avec le comité de soutien et le Collectif contre les expulsions, Semira était devenue le symbole de la résistance à l’intérieur des centres. C’est une des raisons pour lesquelles le cabinet du Ministre Tobback a voulu en faire un exemple en l’éloignant à tout prix. Son assassinat en aura hélas fait le symbole du caractère criminel et meurtrier de la politique belge de l’asile et de l’immigration.

1998, c’est aussi l’année où le scandale des centres fermés, dont la création remonte à 1988, commença à sortir de l’ombre grâce aux actions du Collectif contre les expulsions et à leur médiatisation. La mort de Semira suscita une grande émotion au sein de la population et donna de l’ampleur au mouvement des sans-papiers. Le gouvernement y répondit par une évaluation des politiques d’asile, de migration et d’éloignement, privilégiant désormais dans certains cas les expulsions collectives par vol militaire, sans témoins, ainsi que par la grande opération de régularisation collective « one shot » de 1999. Et, depuis, la précarisation des droits des migrants n’a fait que s’aggraver ; les enfermements et les éloignements forcés n’ont fait que continuer…

En septembre 2003, une manifestation et un meeting de commémoration des cinq ans de l’assassinat de Semira rassembla des milliers de personnes à la salle de la Madeleine. Ce rassemblement s’inscrivait dans la foulée d’un été très chaud pour la cause des migrant-e-s où les mobilisations se renforçaient mutuellement : sans-papiers équatoriens à Saint-Gilles, demandeurs d’asile afghans à l’église Sainte-Croix d’Ixelles, demandeurs d’asile iraniens à l’église des Minimes puis à l’ULB, création de l’assemblée des voisins, de la CRER, de la CLIC…

Depuis, chaque année autour du 22 septembre, une manifestation est organisée en mémoire de Semira Adamu mais celle-ci demeure trop souvent confidentielle. A l’instar des occupations de sans-papiers et des actions de dénonciation des centres fermés – tel le Steenrock – qui ne reçoivent plus l’audience populaire qu’elles méritent.

En 2013, il nous paraît primordial de marquer un grand coup et de perpétuer le combat de Semira Adamu comme de toutes les personnes victimes des (non) politiques d’asile et de migration de nos gouvernements. D’abord pour que les « moins de vingt ans » prennent connaissance de cette histoire qui a fait la honte de la Belgique. Ensuite pour attirer l’attention sur les violences policières qui continuent à frapper les personnes migrantes qui résistent et ceux qui les soutiennent, tels les organisateurs du Festival des résistances à Steenokkerzeel en 2003 dont la plainte contre la police vient d’être introduite à la Cour européenne des droits de l’Homme après avoir épuisé toutes les voies de recours belges. Enfin pour relancer une large mobilisation en faveur des droits des migrant-e-s afin que notre pays respecte les droits et la dignité humaine et qu’un jour les centres fermés et les expulsions disparaissent à jamais de nos mémoires. Cette initiative s’inscrit dans la dynamique de l’appel à la constitution d’un front large pour les droits des migrants et contre la précarisation généralisée, amorcée ce printemps 2013.

Plus d’infos suivront sur www.semira2013.be

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