mercredi 3 avril 2013

Adieu l'Europe - animations dans les écoles

Les 25 et 28 mars, dans la cadre de la marche des migrants de la région du Centre et en collaboration avec le Centre Culturel Régional du Centre et l'asbl CEPRé, le Théâtre du Copion a joué sa pièce "Adieu l'Europe" devant une septantaine d'élèves de l'enseignement secondaire, à l'Athénée Royal de La Louvière et au CEFA de l'Institut Sainte Thérèse de Manage. L'occasion de faire le point sur les réalités vécues par les personnes non-européennes qui tentent de rejoindre l'Europe et, au-delà, sur ce qu'il se passe pour celles d'entre-elles qui souhaitent y rester... De quoi trouver encore d'autres bonnes raison de venir nombreux et nombreuses le 20 avril!

L'histoire de "Adieu l'Europe" est celle de Madame Ouedraogo qui rencontre un fonctionnaire des douanes dans un aéroport européen. Madame Ouedraogo habite Ouagadougou au Burkina-Faso, où elle tisse des pagnes qu’elle vend au marché de son quartier. Elle n’est pas riche, le Burkina est un pays pauvre, très pauvre et nourrir chichement sa famille est un combat quotidien. Madame Ouedraogo a une petite sœur qui vit en Europe, elle a épousé un blanc, un «nasaara». Il y a dix ans qu’elles ne se sont pas vues. Et il a fallu un cadeau de la petite sœur pour que, enfin, elles puissent se revoir. Madame Ouedraogo a reçu son billet d’avion et le certificat d’hébergement, sésames indispensables afin d’obtenir le visa qui coûte cher. Le visa, pour un mois, équivaut au revenu mensuel de Madame Ouedraogo. Toutes ces formalités longues et coûteuses étonnent. Les blancs doivent-ils remplir toutes ces conditions pour se rendre en Afrique, se dit-elle? De toute manière, ils sont venus souvent sans même être invités, mais enfin… Elle obtient son visa. Bonjour l’Europe! 

Madame Ouedraogo n’est pas une clandestine, elle n’envisage pas d’immigrer, de rester en Europe. Non, rien de tout ça, elle rend visite à sa famille, ni plus ni moins. L'histoire se permet d’aller au-delà d’une réalité, elle anticipe un avenir que nous ne voulons pas, celui de la suspicion à l’égard de l’étranger, du rejet de ce qui n’est pas nous. Notre personnage, nous le proposons comme un miroir. Que dirions-nous si demain, pour nous rendre dans un pays non européen, l’on exigeait, afin d’obtenir un visa, un certificat de prise en charge émanant de notre hôte et le prévenant de toutes les misères auxquelles il s’expose en nous accueillant? Que penserions-nous des accueils suspicieux aux aéroports? Et aux contrôles systématiques aux frontières, que dirions-nous?

Notre histoire est simple, gênante, pourtant, elle ne tient pas compte de ce qui est pire encore quant à la réalité des étrangers en situation dite illégale. Qui peut vraiment circuler librement dans cette Europe dite de la "libre circulation"? L'Europe forteresse, quelle réalité derrière ces mots? D'où viennent les étrangers de Belgique? et pourquoi les personnes migrent-elles? Pourquoi les gouvernements font tantôt appel aux étrangers, comme avec les Italiens après la 2e guerre, tantôt les rejettent hors des frontières?Quels sont les moyens d'obtenir un droit de séjour en Belgique? Quelle est la différence entre un centre ouvert et un centre fermé? Quelles conditions de vie quand on n'a pas de papier?

Après le spectacle d'environ une demi heure, ce sont autant de questions que nous avons discutées avec les élèves, pour apprendre des réalités inconnues, partager des doutes, battre en brèche les idées toutes faites. Deux matinées, dans deux écoles, qu'il serait salutaire de répéter.... même après le 20 avril!

Le spectacle "Adieu l'Europe" avait été monté il y a quelques années avec Hortense Yaméogo et Georget Mourin, dans une mise en scène de Bernard Renoult. Aujourd'hui, une nouvelle distribution met en scène Angelo dans le personnage du fonctionnaire et, dans le personnage de Madame Ouedraogo, Patricia, une ancienne "résidente" du centre ouvert de Morlanwelz, qui a participé à la mobilisation des personnes sans papiers dans la région du Centre en 2006. Plus d'infos sur le spectacle ici.

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